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CHAPITRE UN

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1.1 Annonce du sujet

Les émigrations transnationales des jeunes Africains dans cette aube du 21e siècle, prolongent en Afrique noire francophone ce que la colonisation a incité – l’érosion des cultures autochtones. Contraintes par l’assimilation à adopter la totalité de la culture française, les peuples de la sous-région ont vu disparaître la valorisation de leurs langues, traditions, normes et religions. La mondialisation et la modernisation occidentales érodent de plus en plus les cultures noires de loin que les jeunes Africains embrassent et copient sans discrimination les cultures occidentales, au nom de la civilisation, tout en abandonnant leur propre culture. La plupart d’entre eux fuient toute association aux traditions africaines en raison de leur engouement à être identifiés comme des êtres sophistiqués. L’augmentation alarmante des taux des migrations transnationales entraîne maintenant des effets dévastateurs sur la vie des populations africaines et des menaces à la stabilité socioculturelle de la jeunesse africaine.

Frederic Mambenga-Ylagou (2004) a noté que depuis deux décennies émerge en France une littérature africaine de la migration et que cette littérature est une manière de traduire par l’imaginaire des formes d’existence à la périphérie des collectivités françaises. En ce début du XXIe siècle la littérature de la migration africaine ou « la littérature de migritude », pour reprendre l’expression de Jacques Chevrier (2004), a déjà des auteurs et ces auteurs ont écrit sur la migration avec des âmes d’intellectuels, créant ainsi une distance profonde entre l’objet d’écriture et l’imaginaire romanesque. Dans cette littérature, il est question de l’émergence de nouvelles stratégies d’écritures centrées sur les thèmes du corps, de la folie et du langage. Ces thèmes se sont développés contre les critères de réception habituels et s’inscrivent dans une forme de marginalité. Il s’agit entre autres de l’errance à travers, par exemple, le portrait de l’émigré marginalisé ou métissé, comme chez Alain Mabanckou, Fatou Diome, Patrice Nganang et Calixthe Beyala.

La migration est un déplacement de populations qui passent d’un pays dans un autre pour s’y établir.Alors, La migration humaine est un phénomène probablement aussi ancien que l’humanité car c’est un déplacement du lieu de vie des individus pour trouver ailleurs de meilleures conditions de vie, de travail ou derémunération.La migration transnationale dépasse le cadre national, c’est-à-dire de quitter un pays pour vivre et se fixer dans un autre pays au moins un an. L’immigré est donc toute personne voulant s’établir dans un pays étranger pour des raisons économiques et sociales. Le verbe «immigrer» se distingue sémantiquement de son radical «migrer» qui désigne indifféremment tout déplacement d’un espace donné vers un autre dans le but de s’y établir temporairement ou définitivement. Ainsi donc, selon son usage courant, le verbe «immigrer», entouré de connotations péjoratives, s’écarte de son emprunt latin immigrare «venir dans, s’introduire dans» et de migrare «changer de résidence», pour désigner l’acte de toute personne étrangère issue d’un pays peu développé qui travaille dans un pays industrialisé et vivant souvent en marge des conditions d’existence des populations locales. Cette perception de la migration s’est cristallisée dans l’imaginaire social, d’où son acceptation universelle comme thème littéraire.

Pendant la période coloniale et cela jusqu’au milieu des années 1970 la littérature de l’immigration, notamment vers la France, ne concerne pour l’essentiel que le personnage de l’étudiant et le travailleur immigrés, la fin des années 1980 constitue un tournant décisif marqué notamment par de profonds changements dans la qualité sociale des migrants. On retrouve progressivement à côté de l’étudiant africain, du réfugié politique et du travailleur immigré un nouveau personnage, le réfugié clandestin.

Donc, la migration peut être volontaire ou forcée et elle peut être illégale (clandestine) et légale. Nous avons les flux migratoires qui sont classés selon leurs mobiles. On distingue notamment: les migrations économiques (migration de travail c’est-à-dire déplacements de travailleurs) et les migrations contraintes (fuite de persécutions, famines résultant souvent de guerres, on parle aussi de conquête, d’invasion, d’exode, de colonisation et de traite. On a également la typologie des migrations comme migration de contrainte (ou migration de réfugiés), migration permanente et migration d’études.

Pour les écrivains africains, il est également nécessaire de parler du continent lui-même. Il ne s’agit plus, cependant, de s’en prendre au colonisateur, mais davantage de stigmatiser la dégradation ininterrompue des sociétés africaines, avec des problématiques assez diversifiées (guerres, description des conditions de vie, métissages, questions d’altérité, etc.). Comme le souligne le critique Séwanou Dabla:

On le voit, écrire l’Afrique consiste, avec ces auteurs, moins à dénoncer la classe dirigeante antidémocratique, les fonctionnaires corrompus, les parvenus égoïstes à la manière de Xala (1973) de Sembène Ousmane par exemple. Il ne s’agit non plus de célébrer un continent victime des autres; il s’agit de dire le marasme, la déréliction qui l’accablent et qui poussent ses enfants à chercher leur identité, à la fuir.

 

Les migrants ont leurs raisons de déplacement. Elles peuvent être dues à un déracinement profond, à un mal de vivre, à une quête d’identité absolue et au désir de tenter leur chance pour construire une vie favorable. Ces raisons ou causes sont classées sous le thème d’exil volontaire. Par opposition, la migration involontaire peut être due à une situation de guerre, une crise politique ou encore à une condition économique précaire. Les migration vers l’étranger peut être pour raisons: professionnelle (mission de longue durée à l’étranger) et études; politique (réfugié politique fuyant les persécutions); sécuritaire – notamment en cas de guerre dans le pays d’origine; économique (habitant de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays riches, éventuellement temporairement); personnelle (volonté de s’installer dans un pays par goût, par exemple si l’on se reconnaît dans ses valeurs); familiale (rejoindre  le conjoint, l’enfant déjà installé); fiscale (l’installation dans un pays offrant un niveau d’imposition moins élevé)

Il est à reconnaître que les effets de la migration sont tant positifs tant négatifs. La positivité comprend: la construction d’une vie favorable, la liberté politique, la tolérance religieuse, le commerce, l’enseignement supérieur, un meilleur style de vie, la prospérité économique. Les effets négatifs sont les misères morales et sociales des émigrées qui comprennent: la confrontation de la réalité brutale (opposé au mythe), la crise identitaire, l’insolement ressenti et les déchirements culturels, le sentiment d’exclusion et de marginalisation, la pauvrêté, mal logements, le mal paiements, une couverture sociale imparfaite ou inexistante, le désespoir, la prostitution, et l’homosexualité.

Dans son article intitulé “Immigratie”, Van Frans tire la conclusion que la migration et le développement s’influencent mutuellement; que la migration peut être à la fois la cause et le résultat du sous-développement tandis que le sous-développement peut être soit atténué soit aggravé par la migration. En conséquence, le phénomène migratoire ne peut pas être simplement défini comme un obstacle au développement ou comme une stratégie de développement. S’il existe, au niveau mondial, des preuves tangibles de l’influence positive qu’exerce la migration, les effets de la migration sur le développement dans les différents pays et communautés dépendent de l’environnement politique, social, juridique et économique dans lequel s’inscrit la migration, ainsi que du profil, des ressources et de l’attitude des migrants eux-mêmes.

Il résume que la migration affecte le pays de destination ainsi que le pays d’origine. D’abord on peut observer les effets pour le pays de destination: Par l’atténuation des pénuries de main-d’œuvre, l’enrichissement de capital humain et la création d’opportunités d’emploi et de richesses, résultat des activités entrepreneuriales des immigrés, la migration peut apporter aux pays de destination des avantages macro-économiques substantiels. Ce sont là des facteurs qui peuvent accroître la flexibilité et la productivité de l’économie et contribuer à la croissance.

De nombreux pays de destination ont pris le pli d’adopter des approches restrictives de l’immigration, craignant que celle-ci n’entraîne un abaissement des conditions de travail et des salariés et ne crée des problèmes sociaux et sécuritaires. Si l’on veut éviter les effets potentiellement négatifs sur la société et l’économie des pays de destination, il faut relever de façon appropriée les défis que pose la migration. Si de nombreux pays en sont venus à accepter la diversité apportée par l’immigration dans leur société, le besoin subsiste de préserver la stabilité et la cohésion sociales et de faire en sorte que les relations entre les immigrés et les communautés des pays d’accueil soient mutuellement bénéfiques.

D’après lui, les avantages clefs de la migration pour les pays d’origine sont notamment: l’incidence positive des rapatriements de fonds sur la pauvrêté, les réserves de devises étrangères et la balance des paiements; le transfert de connaissances et de compétences lorsque les émigrés rentrent virtuellement ou réellement dans leurs pays, de façon temporaire ou définitive; l’amélioration de la situation sur le plan du chômage et du sous-emploi; et l’accroissement de l’activité entrepreneuriale locale par le biais de nouvelles opportunités offertes au secteur privé. En outre, les émigrés contribuent souvent à la modernisation, à la démocratisation et à la défense des droits de l’homme, que ce soit de l’étranger ou dans leurs pays lorsqu’ils y retrournent.

Van note que, parmi les effets négatifs de la migration sur les pays d’origine, il faut citer la dépendance de l’économie à l’égard des rapatriements de fonds effectués par les émigrés, et l’exode des compétences pouvant résulter de l’émigration des plus qualifiés. Combattre au maximum l’exode des compétences revêt une importance clef pour relever les grands défis que pose l’émigration pour le développement et en réaliser le potentiel bénéfique. Ici aussi, l’encadrement des migrants est essentiel.

C’est ainsi au sein de cette réalité à double face du phénomène migratoire, que s’inscrivent les romans par des écrivains francophones dits négropolitains. Ceux-ci narrent des histoires qui dévoilent les dures réalités que confrontant l’émigré africain contraire aux impressions idylliques. En conséquence, nous décidons pour cette thèse de sélectionner quelques romans représentatifs pour étaler les aspects divers de la migration des Africains en Europe. Notre corpus se consiste donc de quatre romans de base: Le Baobab fou (1982) de Ken Bugul; Les Honneurs perdus (1996) de Calixthe Beyala; Le Ventre de l’Atlantique (2003) de Fatou Diome et Bleu-blanc-rouge (1998) d’Alain Mabanckou que la migration a des effets positifs et négatifs sur les migrants. Nous voulons souligner les problèmes de l’immigration, le malaise de tout être humain déraciné, la triste réalité de tout immigré africain dans les pays d’accueil comme cela est transcrit dans les romans sous étude.

1.2 État de la question

Dans cette thèse, il s’agit de la problématique de la migration africaine surtout telle qu’elle se présente dans le roman francophone. La réalité de la condition des émigrés africains en Occident présente dans les romans de base. Alors, nous avons exposé aussi la vision de différents écrivains sur la migration de la jeunesse africaine.

Mzee Lombe Mwembo (2010) dans son article, note qu’aux États-Unis, les Africains sont victimes de la discrimination raciale perpetuée par certains employeurs ‘Blancs’, qui recrutent les travailleurs selon la couleur de peau. Il note en plus que les Africains n’assument pas de postes de commandements et ajouté à cela, l’horaire très chargé pour travailler et payer les factures de l’eau, de l’électricité, du logement et du soutien des membres de la famille restée au pays en Afrique.

Dans son article intitulé “L’immigration clandestine provoquée par la situation critique dans les pays pauvres et riches”, Akil Cheikh Hussein tire la conclusion que les pays d’accueils négligent des faits comme les effets du pillage pendant l’ère coloniale et après sur les pays du Tiers-monde, telles que la pauvreté et la misère. Il souligne que les pays riches paraissent comme étant ceux qui paient les frais de la misère qui frappe les pays pauvres partout dans le monde.

Les romanciers algériens comme Anne Schneider, Azouz Begag, Leïla Sebbar, Jeanne Benameur, Jean-Paul Nozière et Jacques Delval mettaient en scène des immigrés nord-africains incapables de s’accoutumer au milieu français et, de ce fait, deviennent victimes de nombreuses misères sociales. Ainsi, Sidi de banlieue de Jean Damase, illustre avec réalisme;la détresse, l’ignorance, la solitude et la misère des Algériens installés dans les bidonvilles à la périphérie des grandes agglomérations.

Christine Albert (2005:99) résume en ces termes le double rôle structurant de la marginalité sociale dans l’écriture contemporaine de l’immigration en Afrique francophone. Il s’agit bien d’un éthos intimement liés à des formes spécifiques de représentation et à des pratiques langagières particulières: «La marginalité sociale est… un des traits constituants du personnage de l’immigré dans la littérature francophone depuis ses origines, sa banalisation, après les années quatre-vingt en fait un des topoï majeurs de cette littérature».

D’ autres auteurs ont ajouté leurs voix pour réclamer la reconnaissance de la dignité des migrés noirs et la liberté d’agir dans la vie socio-culturelle à travers leurs romans: Un Nègre à Paris (1959) de Bernard Dadié, L’Aventure ambiguë (1961) de Cheik Hamidou Kane, Mirage de Paris (1964) d’Ousmane Socé, Le petit prince de Belleville (1992) de Calixthe Beyala, L’impasse (1996); Agonies (1997) de Daniel Biyaoula, Les arbres aussi versent des larmes (1997) d’Alain Mabanckou, Transit (2003) d’Abdourahman Waberi.

Dans cette recherche, nous avons tenté de démontrer que les romans font appel à la sensibilté du public par leurs styles et thèmes socio-psychologiques comme le destin, l’amour, la vie, le désespoir, le racisme, la nostalgie, la marginalité, le déracinement, la crise d’identité, la souffrance, l’oppression, l’humiliation, la brutalité, la sexualité et la féminité. Pour montrer l’état des immigrés africains dans les pays d’accueil.  annonce

Donc, nous avons fait une exposition de divers aspects de la condition des émigrés africains pour relever les problèmes de la migration tels qu’ils sont présentés dans les romans de base de cette thèse comme la confrontation de la réalité brutale (opposé au mythe), l’érosion culturelle, la crise identitaire, l’intégration difficile, les misères morales et sociales, le multiculturalisme, le desépoir, la nostalgie, la solitude et le racisme.

1.3 Objectifs de l’étude

L’intérêt de notre sujet est fondé sur la jeunesse africaine et la problématique de la migration transnationale dans le roman francophone.

  1. Nous examinerons les typologies et les raisons des migrations dégagées dans les textes choisis;
  2. nous tirerons l’attention des lecteurs sur les faits des écrivains revendiquant la liberté et la dignité des migrants;

iii.      nous ferons un examen critique des textes du corpus pour exposer les

visions des écrivains choisis telle que: La préservation de la culture africaine qui a dégradée par les rencontres occidentales.L’impossibilité de la cohabitation entre Blancs et Noirs dans un contexte d’immigration où les étrangers sont considérés comme la source de tous les problèmes sociaux (chômage, délinquance entre d’autres). Les Africains y sont présentés comme des êtres marginaux qui vivent dans une société qui les méprise.Que ces immigrés noirs vivant en France et en Belgique sont victimes de toutes sortes d’injustices.Que l’Eldorado est jonché d’obstacles et bien loin de l’image rêvée; et que la précarité est le lot de nombreux exilés;

  1. nous considérerons les éléments narratifs qu’utilisent les écrivains choisis pour réaliser leurs tâches d’exposer les dures réalités des conditions des migrants dans la société.La langue populaire telle qu’elle fonctionne dans les œuvres des auteurs choisis se présente sous un tout autre aspect. Elle se caractérisepar des « apports sociolinguistiques entretenus par le français (langue et culture) avec les autres langues et cultures usitées en [Afrique]. Les romans se caractérisent par un style typiquement oral: introduction des expressions de la rue, calques syntaxiques, propension à la répétition et emprunts lexicaux qui séduisent fortement le lectorat.Les textes adoptent une technique narrative où les proverbes, les dictons, les clins d’œil littéraires et autres allusions jouent un rôle important. annonce

 

1.4 annonce Justification de l’étude 

La simple raison pour le choix du sujet de la migration est que nous voudrions examiner les motives et le consequences pour lesquelles les gens migrent parfois tellement loin malgré les situations horribles dans les pays d’accueil. On prend le risque d’y aller et de ne rien trouver ni réussir. Pourquoi délaisse-t-on sa famille, ses amis, son travail, sa vie, bref tout? Nous sommes enchantés par cette activité humaine qui touche positivement et négativement la vie des migrants et d’autres vies dans les pays concernés. Donc, nous avons essayé de répondre avec une évaluation et une interprétation de l’usage de fiction par les écrivains africains que notre travail fournit.

Nous avons choisis les jeunes parmi d’autres parce qu’ils sont eux qui constituent la force motrice qui fait marcher la nation et la préservation du patrimoine culturel. Ils sont capables de faire beaucoup de choses et ils ont l’esprit d’aventure et la capacité de la mobilité. Et statistiquement, cela a été éprouvé parmi les migrants. En ce qui concerne les sources de données collectées dans les pays d’origine, l’enquête REMUAO (« Réseau Migrations et Urbanisation en Afrique de l’Ouest ») a permis de mesurer les flux de sorties des individus d’Afrique de l’Ouest vers l’Europe et les flux de retours des Africains de l’Ouest depuis l’Europe dans leur pays d’origine. Il en ressort que, chaque année (entre 1988 et 1992), environ 22 200 individus âgés au moins de 15 ans migrant des pays d’Afrique de l’Ouest vers l’Europe, tandis que 6 600 en reviennent (Bocquier, 1998). Un départ sur trois de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe a ainsi été compensé par un retour.

Pour bien expliquer notre choix du sujet, nous avons choisi quatre romanciers extraordinaires: Ken Bugul, Calixthe Beyala, Fatou Diome et Alain Mabanckou, et leurs quatre romans (un roman à chacun) exceptionnels et lumineux: Le baobab fou (1982); Les honneurs perdus (1996); Le ventre de l’Atlantique (2003) et Bleu-blanc-rouge (1998) repectivement, parmi d’autres de jeter la lumière sur la vie cauchermardesque des migrants africains. Ces romans pourraient ainsi être interprêtés comme des romans d’initiations qui retracent le parcours problématique des personnages à la recherche d’eux-mêmes, dans un monde sans repère.

Donc, l’essence de ce travail est de définir, examiner et tenter une évaluation et une interprétation de l’usage de fiction par les écrivains pour exposer, dénoncer et dissuader la situation dégoûtante vécue par les migrants.Nous avons exploré les intérêts des écrivains Ken Bugul, Calixthe Beyala, Fatou Diome et Alain Mabanckou, de retracer et d’attirer l’attention du public en regardant les aspects négatifs de la migration à travers leurs romans en étude qui décrivent de façon implicite et explicite des expériences méprisantes des migrants, comme la marginalisation, le racisme, la crise des identités, le retour impossible, l’exploitation sexuelle, pour ne citer que ceux-ci.

Nous avons examiné les activités littéraires des écrivains contemporains qui sont de comprendre les raisons qui motivent les gens à migrer dans un pays étranger et d’inspirer aux migrants le besoin de prendre en compte les avantages et les désavantages liés à la migration avant de quitter leurs patries pour vivre et se fixer dans un autre pays.Dans les romans, il s’agit de la condamnation d’exploitation des migrants dans les pays de destination. Les écrivains veulent évoquer cette prise de conscience nécessaire chez leur peuple avec leurs messages messianiques aux migrants pour découvrir leurs vraies identités dans les sociétés d’origine et de destination afin de regagner la dignité perdue.

Dans leurs romans, les romanciers choisis veulent infiltrer les esprits des jeunes africains au sujet de la problématique de la migration particulièrement la migration clandestine. Comme préoccupation de fond la question de la différence entre légalité et clandestinité en matière d’émigration est soulignée chez Fatou Diome et Alain Mabanckou qui s’inscrivent dans le prolongement de leurs romans font des migrants clandestins de simple tricheurs; êtres insouciants qui mettent leur vie en peril. Fatou et Alain se contentent simplement d’analyser ces personnes sous l’aspect de la folie ou de la délinquance.

1.5 Approche méthodologique

Pour bien disserter et relever les perspectives des écrivains sur des situations migratoires d’Afrique francophone à travers les textes de base, notre méthode d’approche sera éclectique (historique, sociocritique et psychologique), mettant en considération les différents textes choisis.

Nous adoptons l’approche historique en examinant les faits et les dates de l’évolution de la migration pour faire les rapprochements entre ce qui est arrivé en réalité et ce que les écrivains ont présenté dans leurs romans.L’histoire moderne, en tant que discipline intellectuelle, c’est une science sociale dans le sens où elle s’attache d’abord à l’étude de l’homme dans les sociétés par un travail d’interprétation, sans pour autant écarter le principe d’impartialité. Elle est le plus souvent partagée en périodes historiques, qui varient fortement selon les pays et les civilisations. Nous nous intéressons à l’histoire de l’évolution de la migration francophone afin de faire une comparison entre ce qui est arrivé en réalité et ce que les romanciers choisis ont raconté dans leurs textes fictifs pour nous aider à comprendre l’état actuel. La méthodologie historique s’intéresse à deux problèmes: (1) Comment l’écrivain mène son enquête? (2) Une fois les résultats de sa recherche rassemblés, comment écrit-il l’histoire? Les traces, archives, témoignages et documents sont les matédistinction entre sources écrites et non écrites, les premières ayant été pendant longtemps utilisées exclusivement. Dans cette thèse, nous cherchons à comprendre le passé et la présence via une pluralité de perspectives, en regroupant donc des sources variées, en tenant compte de la subjectivité des observateurs. Si « du rassemblement des documents à la rédaction du livre, la pratique historique est tout entière relative à la structure de la société » (Michel de Certeau, 1975:91),  Ils ont ainsi souvent dû s’interroger sur les possibles finalités culturelles, intellectuelles ou morales de leur discipline.

L’histoire est une composante essentielle de la mémoire collective d’un peuple ou d’une nation. Elle sert de point de référence, de socle commun sur lequel se construit l’identité d’un groupe social. Il est courant de considérer que l’avenir ne peut se préparer au mieux sans une connaissance préalable de l’histoire qui fourni des indications sur le contexte courant et sur les causes des tragédies passées.

À travers l’approche sociologique, notre étude dégage quelques aspects de la vie socio-culturelle, économique et politique des sociétés francophone et française dans le but d’interpréter et d’expliquer le phénomène migratoire, ses causes et ses conséquences. Cette thèse impose une perception constructiviste de l’intégration sociale. Il s’agit de concevoir l’intégration comme un processus d’acculturation réciproque. Cette conceptualisation est en concurrence avec une vision normative, unilatérale et déterministe de l’intégration, encore largement présente auprès de divers publics.La sociologie des migrations a d’abord été celle de l’immigration avec les travaux de l’École de Chicago au début du siècle dernier, puis les recherches en Europe sur les travailleurs immigrés vers 1970. Immigration et émigration sont deux points de vue d’un même phénomène. L’objet de la sociologie des migrations est de décrire, d’interpréter et d’expliquer le phénomène migratoire (changement d’un lieu d’habitation à un autre), ses causes et ses conséquences que sont la redéfinition des pratiques culturelles des migrants (dont l’acculturation), des réseaux de sociabilité (intégration, désintégration, marginalisation sociale). Pour les romanciers: Ken Bugul, Calixthe Beyala, Fatou Diome et Alain Mabanckou, le recours au concept de problème social implique un certain jugement de valeur (c’est-à-dire une prise de position) qui est contraire à une approche scientifique des faits sociaux. Historiquement, plus d’un probème social ont été amenés à l’attention du public et à la conscience collective par des romanciers et des journalistes.  Donc, avec l’approche sociologique, nous avons adopté les principales théories et méthodes d’analyses utilisées dans l’explication des problèmes sociaux au sujet de la migration pour disserter et relever les perspectives des écrivains choisis et leurs liens avec les solutions proposées par différents groupes sociaux dans la société de resourdre les problèmes de la migration dans les pays mentionnés. Par ailleurs, la religion et le droit représentent depuis toujours des contextes importants dans l’approche des problèmes sociaux. Depuis les débuts de l’humanité, la morale religieuse et les codes de lois ont été les deux principales perspectives à travers lesquelles la société a envisagé les problèmes sociaux et moraux. Ces perspectives influencent fortement, encore de nos jours, nos façons de voir.

Nous avons également adopté l’approche culturalisme surtout dans notre interrogation des conflits de valeurs dans les romans de notre corpus: ce qui facilite l’explication du problème d’érosion ou de dégradation culturelle comme présenté par les romanciers choisis. Cet approche stipule que les sociétés modernes sont caractérisées par une diversité et une hétérogénéité de valeurs, ce qui aboutit à des divergences qui sont sources de problèmes sociaux (Blum, 1970:103; Rubington et Weinberg, 1989:89). Cette perspective a été largement utilisée pour expliquer divers problèmes sociaux; de la délinquance juvénile à l’homosexualité, presque tout a été expliqué en termes de sous-culture (Herpin, 1973).

Pour degager les perspectives des auteurs choisis au sujet de l’intégration sociale des émigrés dans les pays d’acceuil (dans ce cas la France et la Belgique), nous avons utilisé l’approche du conflit social pour montrer les différences de classes sociales (la marginalisation des migrants et le racisme), où les situations sociales sont perçues et définies différemment par les divers groupes sociaux. Voilà pourquoi, selon cette perspective, les problèmes sociaux ne sont pas de nature exclusivement sociale ou humanitaire, mais ils comportent aussi des dimensions politiques et économiques le plus souvent masquées. L’objectif de cette thèse est essentiellement de présenter les principales perspectives d’analyse des problèmes sociaux liés à la migration. Par ailleurs, l’importance de la dimension comparative dans l’analyse des problèmes sociaux de la migration est illustrée par les textes choisis de qui analysent l’évolution de la question sociale et celle de l’exclusion en France et en Belgique. Dans l’ensemble, les auteurs choisis formulent un constat plutôt pessimiste en dénonçant le double jeu des États qui, d’une part, souhaitent garantir l’égalité sociale notamment par le régime de sécurité sociale et, d’autre part, se compromettent avec une logique de l’injustice. Finalement, les auteurs analysentles problèmes sociaux de la migration dans le contexte très actuel de la mondialisation. Processus historique d’importance, la mondialisation correspond à une phase du développement du capitalisme. Pour les uns, ce processus est bénéfique dans la mesure où il contribue au renforcement de l’économie mondiale alors que, pour d’autres, il est dangereux tant pour les économies que pour les systèmes politiques et culturelles nationaux. Mais quelles que soient les évaluations, les dirigeants économiques et politiques sont interpellés pour mettre en place des politiques pour alléger la détresse matérielle ou psychologique des couches défavorisées affectées par cette évolution et pour faire face aux nouveaux problèmes sociaux.

Par l’approche psychologique nous exposons les caractères des personnages pour en dégager les effets sur eux des douleurs de la migration qui sont les reflets des vraies conditions des migrants africains en Occident. La psychologieest l’étude des faits psychiques, des comportements et des processus mentaux. Elle étudie d’abord des personnes, elle s’attache donc à décrire, évaluer et expliquer les processus mentaux dans leur ensemble, en prenant en compte les manifestations de la subjectivité. La psychologie se distingue de la psychanalyse et de la psychiatrie en ceci qu’elle éclaire les mouvements sociaux et culturels des pays afin d’en déterminer en quoi ces facteurs environnementaux sont à l’origine de désordre psychique amenant à des comportements et des langages inappropriés par rapport à une norme. Dans un sens plus général, la psychologie est la connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d’une personne et des manières de penser, de sentir, d’agir qui caractérisent un individu ou un groupe. Notre étude a exploité les concepts de la psychologie contemporaine pour analyser la construction et le contenu des romans choisis en ce qui concerne les comportements économiques, politiques et sociaux des personnages en vers la migration comme: le degré de satisfaction des besoins personnels; les contradictions entre les divers besoins, au sein de la société et de la vie personnelle, et leurs possibilités de satisfaction qui donnent une forme à la personnalité, favorisent ou bloquent son développement; la conscience de soi, du genre, de sa place dans la famille et dans la société; la dépression et la nostalgie.

Individuel et collectif: Cette problématique oppose l’individuel au collectif. Beaucoup de théories se sont affrontées sur cette dimension des études psychologiques, sans qu’une conclusion consensuelle se dégage actuellement sur les rapports entre la personne et la société. Certains pensent que c’est la personne qui permet à la société d’exister et de se transformer (conception individualiste), pour d’autres c’est le contraire. C’est-à-dire qu’il faut pour comprendre un phénomène social partir de la société pour aller vers l’individu. Il s’agit de l’holisme. Bien entendu, beaucoup pensent que les deux sont nécessaires, mais la question est de savoir de quelle manière il peut être décrit. La question de la prise de décision est l’une des préoccupations centrales en psychologie. Il n’est dès lors pas étonnant que différents pans de cette discipline aient abordé la décision de migrer. On peut mentionner les théories dites de la motivation (la prise de decision conflictuelle développé par Jans et Mann en 1968), les théories des attentes et des valeurs (développé par Fishbein en 1967) et celles plus spécifiquement développées afin d’appréhender les liens entre attitudes et comportements.

Donc, notre thèse amène à considérer l’intentionnalité des acteurs en présence. Le processus de personnalisation est sans doute un des outils conceptuels les plus adéquats pour rendre compte de la manière par laquelle les acteurs sociaux s’ajustent à leur contexte, se défendent face aux pressions externes et tendent ainsi vers un état d’intégration psychologique. Enfin, notre thèse implique une certaine opérationnalisation du phénomène identitaire. Ainsi, l’identité psychosociale est considérée comme une position jugée satisfaisante le long de deux axes directeurs constitués, d’une part, par le processus d’acculturation et, d’autre part, par le processus de personnalisation.

Notre approche éclectique (historique, sociocritique et psychanalytique) a permis la réalisation d’un nombre importants recherches sur les problèmes migratoires vécus par les migrants chez eux et en Europe. L’approche a permis l’exploration du sujetdes problèmes migratoires en favorisant le point de vue des romanciers choisis qui dévoilent et attestent les expériences des migrants et donnent une réflexion profonde sur les diverses peines sociales de la migration, des vraies causes du dilemme des migrants et que la précarité est le lot de nombreux exilés. L’utilisation de notre approche méthodologique nous permet de voir les perspectives à travers lesquelles les romanciers choisis ont envisagé les problèmes migratoires des migrants. L’analyse ou l’explication de ces textes choisis met l’emphase sur les représentations des romanciers des contextes importants sur des situations migratoires d’Afrique francophone, des menaces à la stabilité socioculturelle de la jeunesse africaine, de l’impossibilité de la cohabitation entre Blancs et Noirs dans un contexte d’immigration où les étrangers sont considérés comme la source de tous les problèmes sociaux, des communautés diasporiques des migrants illégaux et légaux et finalement, que l’Eldorado est jonché d’obstacles et bien loin de l’image rêvée.

 

 

1.6 Résumés des textes de base

On dit souvent que la littérature est un miroir qui montre ce qui se passe dans la société. C’est grȃce à l’expression des connaissances et des cultures générales que les romanciers sous considération dans cette thèse, traitent leur engagement sociopolitique avec leurs critiques des comportements des gens dans les sociétés d’origine et de destination. Ils traitent de la souffrance des migrants exploités par l’Occident (terre d’accueil) et par les pays d’origine (en Afrique). S’ils évoquent la douleur avec autant d’aisance, c’est qu’ils la connaissent trop bien. Donc, les textes sous considération sont: Le Baobab fou (1982) de Ken Bugul; Les Honneurs perdus (1996) de Calixthe Beyala; Le Ventre de l’Atlantique (2003) de Fatou Diome et Bleu-blanc-rouge (1998) d’Alain Mabanckou.

1.6.1 Le Baobab fou (1982) de Ken Bugul        

Née au Sénégal en 1947, l’auteure du Baobab fou adopte le pseudonyme de Ken Bugul, qui signifie en wolof « celle dont personne ne veut». Elle commence sa carrière d’écrivaine en 1982 avec le livre dérangeant Le Baobab fou. Après avoir travaillé au Planning Familial de Dakar et dans diverses structures internationales, elle se consacre à l’écriture et gère un centre de promotion d’objets d’art et d’artisanat.

Le roman Le Baobab fou est un récit qui expose les situations migratoires, c’est un chef-d’œuvre qui relate le destin d’une jeune fille qui s’appelle Ken. Incapable de comprendre pourquoi elle a été arrachée à sa mère, Ken Bugul la protagoniste se persuade que « personne ne veut d’elle ». Le sentiment d’être rejetée, qui domine toute son enfance, est exacerbé par les rencontres qu’elle fait au cours de son adolescence. Lors de son arrivée en Belgique pour poursuivre ses études supérieures (échouée, elle aussi, dans sa quête) elle découvre que l’Europe n’est pas à l’image du monde ouvert et accueillant qu’elle avait imaginé.

L’histoire de la première partie de la pré-histoire de Ken, se déroule à Ndoucoumane, une région du Sénégal. Elle commence avec Fodé Ndao, un jeune du village de Gouye, qui cueille un fruit de baobab. Avec l’aide de sa sœur, Codou, il décide de se lancer dans la préparation d’un ndiambâne – une boisson à base de sucre et du fruit de baobab. Mais manquant de sucre, Codou part en demander à sa mère. La mère, occupée par la préparation du mil pour le repas du midi, n’entend tout d’abord pas sa fille. Puis, en colère après sa fille qu’elle trouve paresseuse et insignifiante, la mère lui ordonne d’aller chercher son frère et de l’aider avec les corvées de la maison: Mais Fodé, obnubilé par son fruit, ne pense qu’à trouver du sucre. Le soir tombe et toute la famille étant endormie, Fodé en profite pour voler du sucre à sa mère mais il oublie de fermer le couvercle. Au petit matin, l’incident ne passe pas inaperçu aux yeux du père qui se met en colère et le prive de petit déjeuner. L’appel du ndiambâne reste cependant si fort que sa punition ne l’empêche pas de concocter sa boisson tant désirée et puis, il crache le noyau du fruit de baobab.

Quelques temps plus tard, en revenant du puits avec une jarre d’eau sur la tête, la mère se retrouve nez à nez avec un étranger. Surprise par l’apparition soudaine de cet homme, la mère perd l’équilibre. La jarre se casse et l’eau se met à ruisseler jusqu’à la graine du fruit de baobab. Les saisons passent, l’hiver arrive et une pluie torrentielle s’abat sur le village. L’eau nourrit la graine qui finit par prendre racine. Deux ans plus tard, Fodé et Codou ont grandi et le baobab aussi. C’est la saion sèche et Codou prépare le petit déjeuner comme à son habitude. Par inadvertance, l’huile prend feu – ce qui déclenche un incendie. Toutes les habitations du village sont détruites par les flammes, sauf le baobab qui fait figure de seul rescapé.

Le baobab se retrouve seul au milieu des cendres jusqu’à l’arrivée d’une famille: un père, une mère et trois enfants. Tandis que le père explore les alentours, la mère et les enfants attendent à l’ombre du baobab et le plus jeune des enfants en cherchant à s’accrocher au cou de sa mère, brise son collier d’ambre. Ainsi, elle ramasse les perles mais ne se rend pas compte qu’elle en oublie une. Au retour du père, la famille decide d’installer un campement autour de l’arbre. Le village reprend vie et les années passent. Les naissances et les décès rythment les saisons. Le père prend une deuxième épouse et cette dernière tombe rapidement enceinte. L’enfant grandit et la mère décide de laisser jouer l’enfant seule sous le baobab. Il trouve la perle d’ambre qu’il s’enfonce dans l’oreille. La douleur est intense. Cet enfant est Ken.

Le récit de la deuxième partie du roman est l’histoire de Ken qui commence avec son départ, grâce à une bourse d’étude, peut partir étudier en Belgique. Tout est nouveau pour elle: l’avion, le bruit, les réacteurs, et la climatisation. Son but: partir vers la “terre promise”. Elle se remémore les jours avant son départ et les moments passés avec son père déjà si malade. Cet homme aveugle la fascine. La mère, elle, l’énerve. Son désir d’exil est bien plus fort que son envie de rester chez elle. C’est ainsi qu’elle se retrouve en Belgique, dans un univers différent où voitures, trains et immeubles se côtoient.

Ken ne se sent pas à l’aise au centre pour les jeunes filles catholiques et decide de s’en échapper en partant faire les magasins. À travers le shopping, elle a le sentiment d’être plus européenne. Pourtant dans un magasin, c’est l’horreur pour elle de prendre conscience de sa couleur de peau, puisqu’elle se rend compte que les perruques qu’elle essaie sont pour les “Blanches”. À son retour au foyer, elle est désespérée mais sa rencontre avec une Zaïroise lui donne espoir de pouvoir enfin s’intégrer à cet univers si différent de ce qu’elle s’imaginait et quelques jours plus tard, elles aménagent ensemble.

C’est alors que dans l’immeuble où elle habite avec la Zaïroise, Ken fait la connaissance de Louis, un étudiant belge. Elle s’engage rapidement dans une relation amoureuse et tombe enceinte. Cette grossesse l’amène à faire face à l’avortement. Ainsi, elle se rend chez un docteur, qui, elle l’espère pouvoir l’aider. Seulement, le docteur se montre raciste envers elle, en effet, il estime qu’un homme blanc et une femme noire n’ont pas le droit de se mélanger. Ses déclarations assomment elle, qui remet en question son séjour en Belgique et la place qu’elle a dans la société européenne. Louis ne comprenant pas la décision de Ken et lui demande en mariage. Mais elle refuse et l’avortement se fait. La Zaïroise assiste à l’intervention mais Léonora, une Italienne qui habite dans le même bâtiment, est celle qui reste à son chevet le temps de sa convalescence et puis une amitié nouvelle naît entre les deux femmes.

Les jours passent et il arrive alors le moment où Ken fait la connaissance de Jean Wermer, un peintre, homme divorcé et père de trois enfants. Elle s’installe avec lui. Jean Wermer lui fait connaître les soirées mondaines où de nombreux artistes se retrouvent mais leur relation prend un chemin différent lorsque Jean Wermer annonce à elle son homosexualité. Elle se met à frequenter des boîtes de nuits homosexuelles où elle rencontre Laure et où elle découvre l’univers de la drogue à travers une Argentine qui l’invite à dîner. Tandis qu’elle s’assimile à sa nouvelle forme de vie, Jean Wermer rencontre François et tous les trois décident de vivre ensemble. Seulement, la relation se complique rapidement et Ken – persuadé par Jean Wermer – décide de déménager. Cette déception amène elle à se souvenir de ses parents et à se demander pourquoi la mère l’a abandonnée sous le baobab.

Ken se trouve alors un studio. Les fins de mois étant difficiles, le gérant de l’immeuble lui propose des petits travaux dans l’immeuble: balayer les escaliers ou bien encore nettoyer le sauna. Cependant, pas une fois et elle ne fait le ménage. Gaёlle – masseuse au sauna – lui explique que si elle veut se faire plus d’argent, elle peut et elle peut aussi masser les clients. Elle prend néanmoins conscience que les clients attendent bien plus. Heureusement pour elle, elle fait la connaissance d’un GI américain et de Souleymane pendant sa période de masseuse. Ces deux hommes lui apportent du réconfort surtout au moment où elle apprend que son père est décédé.

À son retour du Sénégal, Ken apprend que Jean Wermer est atteint d’une hépatite virale. Elle reste à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’en remet. Quelques mois plus tard, elle quitte le studio au–dessus du sauna pour s’installer dans la rue de la source. Elle y découvre le L.S.D. et l’alcool. Elle déserte les bancs de la fac et voit sa bourse d’étude disparaître. Sa relation avec Jean Wermer s’estompe et elle s’engage dans une relation homosexuelle avec une jeune Occidentale dont les parents sont racistes. À travers l’exploration de nombreux tabous, Ken découvre son corps et le pouvoir qui s’émane de sa couleur de peau. Son corps devient un laissez-passer qui lui permet de s’intégrer à la population blanche.

Cela la conduit chez les Denoёl – Hélène et Paul – pour un court moment puisque Hélène va être prise d’une crise de jalousie envers Ken alors qu’elle passe du temps avec son époux à qui elle confie ses expériences avec la drogue. Et bien qu’entourée par de nombreuses personnes, elle se sent seule, toujours à la recherche de la mère et d’un repère. Dans un moment de doute, elle prend de l’acide. Cet épisode la conduit chez Laure, à qui elle avoue qu’elle ne peut plus se regarder dans le miroir à tel point sa couleur de peau la dégoute. Sous l’effet de l’acide, Ken se souvient de son entrée dans l’école française et se rend compte de l’effet néfaste des colonisateurs sur sa personne et le rôle du baobab.

Se sentant descendre aux enfers, Ken quitte la rue de la Source et s’installe dans la rue où habite Laure – la rue de la prostitution. Elle trouve un travail dans un club en tant que danseuse mais cela sera de courte durée car elle ne supporte pas l’idée d’être utilisée pour sa couleur de peau et l’exotisme qui s’en échappe. Alors qu’elle dîne avec deux Tunisiens et une Suissesse qu’elle rencontre dans le club où elle danse, un incident les pousse, elle et la Suissesse, à sortir pour prendre un verre à l’hôtel Hilton. Là-bas, la Suissesse la délaisse quelques minutes pour aller rendre visite à un ami. Ken patiente lorsqu’un homme l’accoste et lui demande de le suivre dans une chambre d’hôtel. Elle accepte et c’est à ce moment qu’elle se prostitue pour la première fois. Le départ de l’homme la plonge dans une rétrospection profonde où elle se remémore son passé avec le départ de la mère, son ballotage constant d’une famille à l’autre, mais aussi le rôle de l’éducation coloniale et sa relation avec le baobab – métaphore qui revient sans cesse pour lui rappeler d’où elle vient.

Le suicide apparaît pour Ken comme la solution à son malaise. Elle appelle la Suissesse et décide de la retrouver dans un restaurant italien. Alors qu’elle l’attend, le patron lui présente un de ses amis: un homme avec un chien. La Suissesse n’arrive pas, Ken commande à manger et à boire en compagnie de cet homme et elle le ramène chez elle plus tard dans la soirée. Ivre mort, l’homme s’écroule par terre et le petit chien aboie encore et encore. Prise de panique et d’un moment de folie, elle tire l’homme hors de son appartement, en le faisant glisser le long des escaliers pendant que le chien se sauve, toujours aboyant. Ken remonte dans son appartement avec une idée en tête: mourir. Alors qu’elle s’apprête à passer à l’acte, elle se ressaisit. La douleur de la perle d’ambre lui permet de reprendre ses esprits et les larmes lui coulent le long du visage. Il lui faut retourner dans son village, voir le baobab. Privée d’idéal et de points de repères, Ken Bugul se laisse alors glisser sur la pente de la décheance. Son séjour européen inscrit sa vie dans une logique de bouleversement, de perte de repères jusqu’au moment où l’échec se matérialise par un retour précipité en Afrique afin de « renaître ».Avec le soutien de Léonora et de Jean Wermer, Ken part pour le Sénégal. Elle se retrouve alors face au baobab qu’était mort.

1.6.2 Les Honneurs perdus (1996) de Calixthe Beyala       

Le roman Les Honneurs perdus (1996) de Calixthe Beyala, une romancière camerounaise,est l’histoire d’une fille appelée Saïda qui est née dans les années 1940 à Douala, Cameroun, dans un bidonville appelé « Couscousville » par ses habitants. Elle est la seule enfant dans une famille musulmane et une grande déception pour son père qui veut un fils. Elle est une fille timide et hésitante qui est un peu déconcertée sur sa féminité. Elle essaie de se trouver une place dans la société, d’abord en Afrique et après en France. Sa famille, comme toute la culture où elle a grandi est très patriarcale; les hommes du quartier sont à la tête de leurs familles et des affaires publiques. Cependant, elle apprend que pour les femmes, il n’y a qu’une place: celle à côté d’un homme.Toute sa vie, elle a eu des conseils des autres femmes, d’abord de sa mère, puis de Ngaremba. Bien qu’elle fasse tout ce qu’on lui dit, elle n’arrive pas à trouver son bonheur.

La vie à Couscousville est très vivante et pleine de personnages hauts en couleurs. Saïda est envoyée dans une école coranique mais son vrai travail est d’aider sa mère à la maison, apprendre à cuisiner et à s’occuper du ménage, autrement dit se préparer pour être une mère et une épouse. Cependant, elle n’arrive pas à se trouver un fiancé – ce qui rend ses parents frustrés. De plus, tout le quartier la prend pour une « vieille fille entre les vieilles, Éternelle Vierge des vierges ». Quand Saïda a une quarantaine d’années, son père meurt et sa mère décide que Saïda va quitter Douala pour Paris.Saïda apprend aussi que la vie en Afrique n’est pas si différente de celle en France, au moins pour les femmes noires. L’ambition de chacune d’elles est le même partout: trouver un mari et avoir des enfants.

À Paris, Saïda habite d’abord chez une compatriote pendant deux ans en s’occupant de son ménage et de ses enfants mais après, cette femme la met à la porte. Heureusement, elle trouve un autre travail nourrie-logée avec l’aide d’un clochard qu’elle rencontre plusieurs fois après. Ainsi, elle déménage chez une Sénégalaise, Ngaremba qui est divorcée et éleve seule sa petite fille, Loulouze. Ngaremba habite à Belleville, un quartier à Paris où il y a beaucoup d’immigrés. Comme travail, elle est «écrivain public», autrement dit elle écrit notamment des déclarations d’amour et des demandes d’emploi pour ses clients qui ne savent pas écrire. Elle se décrit comme intellectuelle et très inquiète de la situation misérable en Afrique. Son petit ami Frédéric a des difficultés à accepter Saïda et ils se disputent souvent. Par contre, Loulouze la fille de Ngaremba et Saïda deviennent très proches. Elle réside chez eux et devient presque un membre de la famille. Ngaremba est à Saïda le modèle d’une femme intellectuelle et forte. Pour elle, c’est une immigrée réussie en Europe. Elle n’est non plus silencieuse mais une femme qui dit ce qu’elle pense. Elle est aussi très sûre de soi et de sa sexualité dont elle parle sans gêne. Ainsi, c’est très surprenant qu’elle se suicide à la fin du roman et la raison pour son suicide n’est pas expliquée clairement, c’est seulement sur les interprétations qu’on peut s’appuyer.

Cependant, Ngaremba est très inquiète pour Saïda qui à 50 ans, est toujours célibataire. Celle-ci rencontre Ibrahim, un Arabe qui cherche une femme. Ils ont l’intention de se marier mais Ibrahim la quitte sans raison. L’histoire se termine quand Ngaremba, frustrée de sa vie, se suicide. Loulouze est prise par son père et Saïda reste à Paris avec Marcel, l’ex-clochard qu’elle avait rencontré et avec qui elle perd finalement sa virginité.

1.6.3 Le Ventre de l’Atlantique (2003) de Fatou Diome     

Fatou Diome a 32 ans quand elle écrit Le Ventre de l’Atlantique (2003). Enfant illégitime, elle est née au Sénégal puis elle a émigré à Strasbourg, en France, où elle termine en 2003 un doctorat de lettres modernes. Rejetée par les siens pour cause d’illégitimité, elle se propose dans cet ouvrage de nous expliquer l’Afrique, mettant l’accent sur la vraie nature de l’Eldorado que représente la France pour les jeunes Sénégalais.

Le ventre de l’Atlantique de Fatou Diome est un tribut à la magnifique victoire du Sénégal sur la France lors du match d’ouverture de la Coupe du Monde de football de 2002. Ce roman parle avec ferveur de l’engouement des jeunes — et des moins jeunes — pour le ballon rond. Mais pour la narratrice qui avoue aussi avec candeur « qu’elle n’adore pas tant que ça le foot » (14), c’est aussi l’occasion d’aborder une multitude de thèmes, de sujets d’actualité et de relations sociales ou familiales reflètant ses préoccupations identitaires.

Dans ce premier roman de Diome, Salie, la narratrice-protagoniste se met en scène. Salie, jeune femme d’origine sénégalaise, vit en France où elle travaille comme femme de ménage pour pouvoir payer ses études. Elle raconte sans pudeur, son émigration, ses joies et ses déboires. Son regard est lucide, acéré et sans complaisance: elle dénonce les infortunesde l’immigration, les rigueurs de l’hiver strasbourgeois, les chimères, la pauvreté, la précarité des exilés, leur misère, la promiscuité des foyers Sonacotra, la ségrégation, le racisme et la solitude de ses frères Sénégalais, partis à la recherche d’un petit coin de paradis. La France, terre d’accueil, a un goût amer pour Salie.

Il y a dix ans, elle quitte son pays pour suivre un homme qu’elle épouseen France. Mais rien ne se déroule selon ses espérances. La famille de son mari la rejete, elle finitdonc par divorcer. Alors, elle vit seule, dans un petit appartement à Strasbourg. Salie est partagée entre un attachement indéfectible à sa terre natale et une adaptation difficile à la vie d’immigrée. Tout commence le 29 juin 2000 au soir. Elle regarde la demi-finale de la Coupe du monde de football. Mais ses pensées s’envolent sans cesse vers Niodior, vers le village de son enfance, vers Madické, son demi-frère, resté au Sénégal. Lui aussi regarde le match avec les autres habitants. Là-bas, le rêve commun à tous les jeunes est de partir pour la France, perçue comme un monde de richesse où tout est possible, une terre promise. Madické poursuit ce rêve, souhaitant ainsi pouvoir devenir footballeur professionnel et rencontrer son idole: l’Italien Paolo Maldini. Il a ses modèles: les footballeurs sénégalais. Ils sont les rois dans leur pays d’origine et leur avenir en France est une réussite, une intégration parfaite. Une seule idée en tête: fuir son triste destin, Madické passionné de foot, voit dans le ballon rond la possibilité d’un avenir radieux en Europe, un avenir au pays de l’opulence, où l’argent coule à profusion et où tout est facile. Mais Salie voit les choses différemment; elle vit en France, rencontre quotidiennement des galères, se frotte à la segrégation, au racisme et à la pauvreté. Salie a toutes les peines du monde à tenter de l’en dissuader. Comment faire comprendre l’autre côté du miroir à son frère? Un frère qui ne comprend pas les craintes de sa sœur, qui ne veut pas croire en ses difficultés et n’accepte pas que cette France mythique ne soit pas le pays idéal alors que ses idoles arrivent si bien à le faire rêver là-bas. Toutefois, Salie, trop consciente des difficultés qui attendent les jeunes Africains sans formation débarquant en France, refuse de l’aider à quitter la petite île de Ndiodior où il habite.

Convaincre un jeune frère du caractère utopique de ses projets n’a rien d’une sinécure d’autant que tout semble prouver à Madické que la seule démarche permettant d’échapper au marasme ambiant, c’est de partir pour la France. Il lui suffit de regarder autour de lui et d’écouter les récits de ceux qui y ont soi-disant fait fortune, pour comprendre que son avenir se trouve là-bas. Le parcours de « L’homme de Barbès » n’est qu’un exemple: ses séjours à Paris lui apportent la fortune et la notoriété. Partir de rien, il est devenu un homme respectable possédant une grande demeure, plusieurs épouses, un petit commerce et la seule télévision du village. Ce « champion de l’immigration réussie », encensé par les gens du village, n’aime pas particulièrement sa Rolex de contrebande, son salon en cuir, son congélateur fermé à clé, ses trois premières femmes et sa télé, mais l’accumulation ostentatoire de biens de consommation à laquelle il se livre n’a pour but que d’asseoir sa réputation et son pouvoir.

L’homme de Barbès oublie de raconter à ses compatriotes, les taudis ayant accueilli sa misère, ses années de galère, les conditions de vie misérables qu’il a connues en France, sans papiers et sans formation, survivant à grande peine, condamné aux travaux les plus durs et exploité par des employeurs auxquels il obéit servilement — ce qui lui vaut entre autres de se faire casser deux dents par un gang de jeunes gens qui n’apprécient guère son zèle de gardien au service d’un supermarché. Lorsqu’il évoque avec enthousiasme à ses compatriotes un Paris de carte postale, il oublie de mentionner l’essentiel de son expérience.

Pauvre parmi les pauvres, ses maigres ressources ne lui ont bien sûr jamais permis de franchir la porte des magasins dont il parle, pour se faire valoir. Et il n’a pas davantage bénéficié des conditions de vie réservées aux Français des classes moyennes, même s’il en parle avec enthousiasme, éperonné par la curiosité de ses jeunes auditeurs qui lui demandent inlassablement de leur parler de ce pays béni des dieux. Les conditions de vie idylliques décrites avec moult détails par l’homme de Barbès n’ont rien de commun avec celles de la très grande majorité des Africains arrivant en France pour y faire fortune; mais les clichés que son discours accrédite se retrouvent aussi sur les écrans de télévision au cours d’émissions qui jouent avec la crédulité des téléspectateurs à des fins commerciales ou politiques.

L’échec est possible certes, chacun le sait, mais Madické et ses amis n’envisagent pas la possibilité d’être du côté des perdants, de ceux qui rentrent au pays, cassés et sans un sou. Ils se raccrochent tous à un futur chimérique qui leur permettra de briller sur les stades, comme les étoiles africaines que l’on voit évoluer à la télévision. Ils sont certains de devenir riches, puissants et respectés. Contrairement à Salie qui fait la douloureuse expérience de l’exil, de la solitude et du racisme, ils imaginent un futur radieux dans une France qui n’attend que l’occasion de reconnaître leur talent. À leurs yeux, tout ce qui est enviable vient de la France, la seule télévision qui leur permet de voir les matchs, elle vient de la France, son propriétaire, qui est un notable au village, a vécu en France. L’instituteur, très savant, fait une partie de ses études en France, tous ceux qui occupent des postes importants au pays étudient en France, les femmes de leurs présidents successifs sont toutes françaises et les quelques joueurs sénégalais riches et célèbres jouent en France.

1.6.4 Bleu-blanc-rouge (1998) d’Alain Mabanckou

Alain Mabanckou est un écrivain congolais né à Pointe-Noire (République du Congo) le 24 février 1966. Dans son premier roman, Bleu-blanc-rouge (1998), construit en “flash-back”, il oppose Paris à une Afrique où l’on n’a d’autre ressource attendue que l’argent et les cadeaux des Parisiens. Mabanckou explore avec minutie la face cachée du mythe des Parisiens. Il nous entraîne dans les méandres d’une immigration clandestine. Ce roman est un roman postcolonial où les jeunes nés dans ou entourés par la pauvreté rêvent faire les choses en grand dans les villes (Eldorado) de leurs anciens maîtres coloniaux, Paris pour être précise. Il raconte l’histoire d’un jeune homme appelé Charles Moki qui quitte la maison et revient de la France dans son village avec une nouvelle identité – affectant entièrement le comportement d’un Français. Il résonne plus grand que la vie tout au long du roman, se promène volontiers chez lui en Afrique comme une incarnation de la culture et de la civilisation françaises. Le personnage de Moki est un marchand de rêve.

De sa petite bourgade aux environs de Pointe-Noire, il se bat pour arriver en France. Progressivement, il dépense généreusement pour reconstruire à ses parents la plus belle maison du quartier et assure la sécurité matérielle de sa famille par l’achat de deux taxis. C’est un Parisien, c’est-à-dire un Congolais émigré à Paris où ses activités semblent bien profitables. Son père devient un notable dans le conseil des ainés et dans la société. Le père de Moki délaisse tous ses vêtements traditionnels et préfère eux venus tout droit de Paris pour montrer son lien avec le monde extérieur en dehors de son patrimoine culturel. Il ne cesse pas de parler de Paris dans le rassemblement des aînés, pour mystifier ses compatriotes puisqu’il a un fils à Paris et il peut écrire et lire le français avec facilité.

Les retours de Moki au bled sont des événements et ne laissent personne indifférente. Le sapeur dépygmenté réussit. Moki régale les jeunes avec des descriptions souvenirs de Paris, une terre pavée en or, une terre où coulent le lait et le miel, une terre de l’abondance et des droits de l’homme, une ville idéale, exotique, réussie, et dynamique avec la possibilité de transformer un individu à partir du niveau du néant à la hauteur de la grandeur. Il subjugue la jeunesse de son quartier en particulier Massala-Massala, le narrateur, un jeune paysan qui devient son ombre et suit ses traces, les filles lui courent après, rendent services à sa mère et passent la moitié de leur journée dans la villa juste pour entendre parler de la dernière mode féminine en vogue à Paris. Également, il dénigre les étudiants congolais en province française et les qualifiant de paysans. Il les appelle les faux prophètes et avertisse les gens de son village.

Le protagoniste Massala-Massala qui entre dans les bonnes grâces de Moki, arrive à Paris avec son aide. Il a des papiers en règle pour un voyage touristique et quelques heures d’avions plus tard, Paris ne sera pas le paradis espéré par l’indolent Massala-Massala. Il y fait froid, évidemment, la réalité est un peu différente : la mascarade de Moki, son logis un squat, ses compagnons de combat pour la plupart plangent dans des entourloupes. Moki entend mettre rapidement au travail ce “débarqué” qui a trop vite le mal du pays. Le voici introduit dans un milieu de clandestins tous plus inventifs les uns que les autres. Si Moki trafique dans la fringue, Boulou, “l’Agent immobilier”, est l’inventeur de la “garantie trimestrielle” pour les squats qu’il loue au prix fort. Et les faux-papiers fournis par Préfet transforment Massala-Massala en un certain Marcel Bonaventure mais ils ne sont pas gratuits. Ici, seule la fin justifie les moyens. Ombre de Moki, Massala-Massala est otage de la situation, menu fretin pour des squales, il va devoir s’adapter. Le rêve bleu-blanc-rouge de Massala-Massala va vite tourner au cauchemar. Notre pauvre ingénu est expédié dans des trafics louches pour lesquels il ne se prépare pas. Entre Moki et Massala-Massala le “deal” n’est pas l’idéal: on est dans une situation d’information dissymétrique.    annonce

1.7 Planification

Nous avons tenté dans cette étude d’examiner l’histoire migratoire de l’Afrique francophone à travers quatre textes romanesques.

Dans le premier chapitre de notre étude, intitulé“Introduction générale”, nous avons examiné l’histoire de la migration de l’Afrique francophone suivant ces étapes: Annonce du sujet, État de la question,Objectifs de l’étude, Justification de l’étude, Approche méthodologique, Résumés des textes et Planification. Dans “l’Annonce du sujet”, nous avons défini la migration en essayant de retracer l’histoire des ouvrages migratoires ceci, dans le but d’exploiter les activités des écrivains au niveau de la migration. Nous y avons aussi énuméré les deux types de migration (volontaire et involontaire et distingué notamment les flux migratoires selon leurs mobiles. Dans l’“État de la question”, nous avons exposé les avis des critiques sociaux et littéraires sur la migration de la jeunesse africaine et l’écriture de la migration. Ensuite, nous avons énuméré les objectifs spécifiques de ce travail. Sous la rubrique “Justification de l’étude”, nous avons donné les raisons pour le choix du sujet de la migration et de séléctioner les romans sous étude. Dans “l’Approche méthodologique”, nous avons expliqué notre approche éclectique (historique, sociologique et psychologique), mettant en considération les différents textes choisis d’auteurs différents. Puis nous avons donné les résumés des quatres romans.Dans les chapitres deux ettrois, nous avons étudié les bio-bibliographiesdes quatre auteurs choisis: Ken Bugul, Calixthe Beyala, Fatou Diome et Alain Mabanckou, à fin de bien comprendre les cadres des narrations psycho-sociologiques.

Le chapitre quatre est consacré à l’analyse dans les romans choisis de la problématique de la migration de la jeunesse africaine où les écrivains emploient les divers outils pour réaliser leurs buts. Dans le troisième chapitre, nous avons analysé la condition de l’émigréafricain et l’érosion culturelle, sous les rubriques: “Érosion de confiance traditionnelle”, “Aliénation culturelle”, “Crise d’identité et multiculturalisme” et “Disparition des langues africaines”. Par la suite, dans le quatrième chapitre, nous avons analysé laproblematique de l’intégration sociale sous les rubriques: “Mensonges et tromperies”, “Racisme”, “Solitude et nostalgie” et “Retour impossible”.Finalement, le cinquième chapitre intitulé: Évaluations, Résumé, Résultats, Contributions à la connaissance, Conclusion générale, et Recommandations, clôture évidemment notre travail.

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